Depuis quelques années, nous avons basculé d’un monde rythmé par des changements disruptifs à un monde où le changement est devenu une constante. Les avancées technologiques et l’uberisation de la société transforment nos vies à un rythme effréné, rendant obsolètes certaines pratiques et nous forçant à adopter de nouvelles façons de vivre et de travailler presque instantanément. Dans ce contexte, la résilience – cette capacité à s’adapter face à l’adversité et à rebondir – est devenue une qualité essentielle, mais sommes-nous tous véritablement équipés pour l’être ?
La résilience, un défi inégal
Nous n’avons pas tous les mêmes armes pour affronter les changements. Notre capacité à être résilient dépend de nombreux facteurs : l’environnement dans lequel nous avons grandi, nos expériences de vie, notre ADN comportemental ou encore nos valeurs profondes. Certains individus évoluent dans des contextes propices à l’adaptation, où l’incertitude est perçue comme une opportunité, tandis que d’autres, soumis à des environnements plus rigides ou anxiogènes, développent une aversion aux bouleversements.
De plus, notre manière de percevoir les événements influe grandement sur notre résilience. Une personne capable de donner du sens aux situations complexes, même désagréables, aura davantage de facilité à s’adapter qu’une autre, démunie face à des changements qu’elle juge arbitraires. La réalité est que nous ne sommes pas tous égaux face aux transformations, et cela pose la question cruciale de l’accompagnement nécessaire pour soutenir ceux qui peinent à s’ajuster.
Le rôle limité des Change Managers traditionnels
Pendant longtemps, les grandes entreprises ont misé sur des Directions du Changement pour piloter leurs transformations. Ces équipes, souvent dirigées par des Change Managers, ont instauré des méthodologies structurées : matrices d’impacts, baromètres ICAP, plans de communication stratégiques. Si ces outils ont permis de formaliser les transformations, ils ont souvent laissé de côté la réalité du terrain. Les approches descendantes et purement stratégiques, bien que pertinentes sur le papier, se sont révélées parfois déconnectées des préoccupations opérationnelles des collaborateurs.
Ce décalage a créé un fossé entre les aspirations des dirigeants et la capacité des équipes à suivre le rythme. Les Change Managers ont, dans bien des cas, préparé les organisations à changer… sans réellement s’assurer que les individus au cœur de ces transformations étaient eux-mêmes prêts à évoluer.
Le manager de proximité, clé de voûte du changement
Aujourd’hui, plus que jamais, le rôle du manager de proximité est central. Ce dernier se trouve en première ligne pour accompagner les collaborateurs dans leur adaptation quotidienne aux mutations de l’entreprise. Il ne s’agit plus uniquement d’exécuter des directives mais de donner de la visibilité et du sens à ceux qui les vivent. Une entreprise ne peut se développer durablement que si ses collaborateurs partagent une vision commune et s’approprient collectivement une mission claire.
Les principes agiles offrent une boussole précieuse pour guider les managers de proximité dans ce rôle. La capacité à anticiper, à coopérer, à innover, mais aussi à instaurer un climat de confiance, deviennent indispensables pour naviguer dans les changements. En développant la coopération (travailler ensemble) et la proopération (travailler au service les uns des autres), les managers peuvent transformer les résistances au changement en moteurs de performance collective. Encourager un processus participatif où chaque collaborateur se sent impliqué dans les décisions qui influencent son quotidien crée un environnement plus propice à l’adaptabilité et à l’innovation.
Une résilience collective à construire
La résilience n’est pas seulement une affaire d’individus, mais une démarche collective. Dans un monde où les changements sont continus, les entreprises doivent redéfinir leur manière d’accompagner les transformations, en plaçant les managers de proximité au cœur de ce processus. Car c’est en travaillant ensemble, en partageant une vision commune et en instaurant des relations fondées sur la confiance et le respect que les organisations peuvent espérer relever les défis du futur.
Le changement ne doit pas être un choc à subir, mais un voyage à construire ensemble. C’est en donnant à chacun les outils et le soutien nécessaires que nous pourrons bâtir des entreprises résilientes, capables non seulement de survivre, mais de prospérer dans un monde en perpétuelle transformation.